En quoi la place du complexe d’Œdipe peut-elle être remise en cause
˝ A l’ouïe de ces paroles, Œdipe fut pris de vertige, il lui semble que son cœur devenait de
pierre et, poussant un cri déchirant, il s’élança hors du temple, sur la voie sacrée, fendant
la foule compacte des pèlerins qui s’écartaient devant lui comme des ombres˝ « Tu tueras
ton père et épousera ta mère, voilà ce que ton destin a écrit et que tu ne peux pas éviter ».
Œdipe tua son père et épousa sa mère. Une malédiction qu’il n’a pas voulu subir. C’est
alors que le pauvre Œdipe, après qu’il a pris conscience de ces actes, décida de s’auto
punir. Il creva lui-même les yeux.”
Freud pensait que ce drame serait le germe qui conditionne l’activité psychosexuelle de
l’homme. On est mouvé par deux désirs en conflit. Le vœu sexuel incestueux envers la mère
ou le père et l’envie meurtrier contre le parent qui nous interdit et empêche l’assouvissement
de vœu prohibé. C’est le conflit qui complique notre vie de la même façon que celle d’Œdipe.
Dans une note de bas de page ajoutée dans l’édition de 1914 de « Essai sur la sexualité
», Freud pense que la névrose trouve son noyau dans le complexe d’Œdipe. Le refoulement,
procédé principal du Moi pour enfouir les désirs œdipiens, ne réussit pas totalement.
L’échec ou la mauvaise résolution du complexe d’Œdipe généreront la névrose. L’angoisse
de la castration qui exprime la peur du garçon de son père qui va le castrer s’il ne renonce
pas à son objet d’amour, la mère, propriété privée du père, sera installé. Cependant,
l’identification au père, l’installation de l’instance surmoïque et le transfert de son choix
sexuel pour les autres figures féminines sont les solutions qui déterminent la traversée du
drame œdipien. La fille, quant à elle, trouve qu’elle est déjà castrée et incomplète. Elle met
le blâme sur la maman qu’elle déteste en se tournant vers le père comme objet de désir sexuel
et d’amour. Le processus œdipien est universel, pour Freud.
Dans la 21e leçon d’introduction à la psychanalyse, prononcée à la faculté de médecine de
Vienne En 1917, Freud écrit ceci : « que permet donc de reconnaitre, concernant le complexe
d’Œdipe, l’observation directe de l’enfant, à la période du choix de l’objet précédant la
période de latence ? Eh bien, on voit aisément que le petit homme veut avoir la mère pour
lui seul, ressent comme perturbante la présence du père, se fâche quand celui-ci se permet
des tendresses envers la mère, manifeste son contentement quand le père part en voyage ou
En quoi la place du complexe d’Œdipe peut-elle être remise en cause
est absent. Souvent il exprime en mots, promettant à sa mère qu’il l’épousera. On pensera
que c’est peu, mais c’est en fait suffisant, c’est en germe la même chose. »
Il s’agit là, estime Freud, d’une composition universelle au dimension atomique, qui
constitue la personne, dans sa décomposition et son évolution. L’universalité du complexe
d’Œdipe est sujet de révision à plusieurs niveaux.
1- L’universalité du refoulement ;
Le refoulement est le mécanisme de défense à qui recours le Moi pour répondre aux
exigences du surmoi qui refuse que les vœux incestueux œdipiens soient satisfaites.
L’inconscient est le trou « noir » qui aspire tous ce qui est refoulés. L’inconscient est
constitué de représentations représentants les pulsions qui cherchent, ardemment, à briser
les censures. Un travail qui se manifeste dans les diverses formes de compromis saines ou
malsaines. On a donc un processus qui se joue en trois variables : les vœux œdipiens, le
refoulement et les interdits exprimés dans la loi sociale. Les observations cliniques montrent
que les représentations refoulées et re-refoulées, en continu, s’organisent en fantasmes.
Freud pense que les faits conscients se « cuit » inconsciemment : « Il ne peut pas avoir
de faits conscients sans préparations inconscientes »(Freud). Le fantasme est le continu
primaire de cette préparation inconsciente. Il est le représentant mental de la pulsion.
Pour répondre à l’angoisse de castration, l’enfant procède par le fantasme pour inhiber les
besoins pulsionnels et pour exprimer le désir de réparation. Les fantasmes ne sont pas,
donc, que des moyens de satisfaction des désirs, ils sont, aussi, mis au service d’autres fins
comme le déni, la réassurance, le contrôle omnipotent, la réparation, etc… Ses fins des
modalités différentes de la satisfaction indirecte. Le vécu fantasmatique reste latent car La
nature des phantasmes nous échappe dès qu’ils sont véhiculés dans le langage. On peut
donc suggérer l’hypothèse de la transcription culturelle du confit œdipien. Le mythe est
transcrit dans la langue grecque. Il est transcrit, nécessairement, dans la culture grecque.
2- L’universalité des fantasmes originaires ?
En outre de la relativité culturelle de l’Œdipe, par rapport à sa dimension langagière,
l’universalité des fantasmes originaires est remise en question. Freud met en avant
l’hypothèse des fantasmes originaires qui ne subissent pas le refoulement. Il s’agit des
fantasmes suivants : le retour in utero, la séduction de l’enfant par les parents, la scène
originaire et/ou le couplement des parents. Ces fantasmes sont-ils phylogénétiques et
universaux ?
3- L’universalité de l’identification ?
L’identification donne au Moi les outils à mettre à la disponibilité de l’enfant pour qu’il
arrive à reproduire les traits féminins et masculins de ses parents. Ses modes de reproduction
sociale sont-ils identifiés dans toutes les cultures ? Est-ce que le processus d’identification
ainsi que les modes de satisfaction admises ou défendu sont transculturel ? Freud croit que
le conflit œdipien, traversé ou pas, est un conflit critique. Il est, pour lui, le noyau de
tous les complexes. L’est-il toujours pour les analystes ? est-ce que notre maturité
émotionnelle dépend toujours de notre chance ou pouvoir de traverser ce conflit ? L’écho
de la déclaration de Jocaste, mère d’Œdipe, dans l’auto analyse de Freud est clair.
Jocaste déclare, dans le drame de Sophocle, que « beaucoup d’homme ont rêvé d’avoir des
relations avec leurs mères, celui qui ne s’en soucie plus, supporte la vie facilement ».
Dans une lettre adressée à Félies, Freud lui confie qu’il a trouvé la composante œdipienne
dans son auto-analyse : « j’avais trouvé, confia Freud, dans ma vie personnelle aussi un
amour vers ma mère avec une jalousie envers le père et je trouve d’abord que c’est un
évènement universel de l’enfance »5. Freud est le premier fils né de sa famille ; Amalia, sa
maman, avait 20 ans lorsqu’il est né. Son père avait 40 ans. Freud était « the golden
Child », attachait beaucoup à sa mère qui le favorisait. Après la publication de «
l’interprétation des rêves » et la naissance de sa fille Anna, Freud stoppe sa vie sexuelle
active. Une autocastration. Anna est son Antigone. Sa mort en Angleterre est semblable
à la mort d’Œdipe à Colons. Des éléments justifiants l’identification de Freud à Œdipe.
Cependant, l’accent met par Freud sur les personnages œdipiens néglige l’analyse des
caractères des figures des parents biologiques et adoptifs. La signification des figures
parentales En revanche, Karl Yung approchait le mythe d’Œdipe différemment. Il a
analysé les deux images maternelles représentées par le Sphinx et Jacosta. Le Sphinx est
la femme stérile, destructrice d’homme, monstre et vierge. Jacosta est la femme, la mère, la
grande mère, la belle et la maitresse. Aujourd’hui, Le sphinx représente, selon Yung, le
phantasme de la mère préœdipienne, avide que l’enfant veut qu’elle meure afin qu’il soit
capable d’entrer dans la relation amoureuse avec la mère œdipienne. Karl Yung pense,
contrairement à Freud, que la position phallique et l’investissement libidinal dans le phallus
ne constituent pas le seul critère de différentiation de l’Œdipe féminin. L’attachement
premier à la mère est déterminant aussi. Le complexe d’Œdipe représente pour la fille la
réorientation de l’objet d’amour de la mère au père. Elle doit d’abord manifester une attitude
de rivalité contre la mère, celle à qui elle dépend.
La précocité du complexe d’œdipe
Mélanie Klein trouve, contrairement à Freud, que le complexe d’Œdipe s’installe
précocement depuis l’âge d’un an, de la sortie de la phase dépressive à la phase phallique
où il atteint son apogée. Klein distingue la position œdipienne du complexe œdipien.
L’enfant, garçon et fille, entre premièrement dans le complexe d’Œdipe dans sa forme
directe et inversée. La représentation du sein est décisive. Si le sein est représenté comme
un bon objet, l’enfant pourra, alors, transférer cet investissement libidinal sur le pénis de
son père, représenté lui aussi comme un organe bon et créatif. Le fondement du complexe
œdipien inversé se creuse là-dedans. La représentation du sein détermine, donc, l’installation
de La première position homosexuelle. Pourtant, elle est une des conditions de la capacité
de l’enfant à développer un conflit œdipien positif. La croyance en la bonté du pénis du
père sera transférée à une croyance d’un bon père. La rivalité œdipienne avec lui se passera
dans un cadre compétitif plutôt que destructif. Et c’est de la même façon que les fantasmes
sadiques de l’enfant peuvent être transféré sur le pénis du père. Il sera représenté, sous
l’influence de la projection des aspirations destructives, un objet piquant, mordant,
empoisonnant ou faisant du mal. Les fantasmes oraux et anales qui se manifestent dans
l’attaque de l’enfant du corps de la mère par ses dents, urines et défécations peuvent se
transformer en craintes des organes génitaux de la mère. (Fantasme du vagin denté). La
scène primaire est soumise, elle aussi, au même principe. C’est une expérience que l’enfant
vit comme une attaque douloureuse ou comme une scène qui donnera lieu à un bébé. La
recognition inconsciente du pénis créatif et réparateur va, portant, donner à l’enfant la
sensation de fierté. Par conséquent, sa séparation et individuation se confirme et le conflit
œdipien peut être surmonté. Klein considère que la position de la fille au cours du processus
œdipien n’est pas différente de celle du garçon. La fille oscille entre la position hétérosexuelle
et homosexuelle ainsi qu’entre les impulsions agressives et libidinales. Elle insiste, en plus,
sur l’importance de la triangulation familiale primaire. Celle qui
permet à l’enfant de former deux connexions séparées avec chaque parent et la confronter au
troisième trait dans le triangle. Il s’agit de la relation entre ses parents qui l’on t’exclut.
S’il est toléré par la fille, un troisième prototype de relation d’objet pourrait voir le jour.
La relation avec un objet-model dans lequel l’enfant n’est que témoin et non-active. Il est,
cependant, clair que l’attachement à la mère joue un rôle décisif dans le développement
relationnel de l’enfant, avant et après le complexe œdipien. La perturbation dans les
relations préœdipiennes influencerait le développement normal et donnerait lieu à des formes
anormales et affaiblirait la constellation œdipienne.
La centralité du complexe d’Œdipe dans le développement de l’individu
Margarite Mahler et ses collègues se sont beaucoup intéressés aux interactions mère
enfant. La « symbiose » est l’état où la fusion à la mère est enveloppante. Le « je » ne
s’y différencie pas du non-je, ainsi que l’intérieur et l’extérieur qui ne seront différenciés que
graduellement. M. Mahler pense que la symbiose est la deuxième étape normale du
développement du nourrisson. Après cette étape, l’enfant devrait se séparer et s’individualiser.
« Le processus de séparation-individuation » est commun pour tous les bébés normaux.
La psychose infantile est causée par la mauvaise ou l’absence de l’individuation. Les enfants
psychotiques ne sont pas capables d’observer l’agent maternel et de s’en servir pour préserver
leur homéostasie. La séparation d’avec la mère est ratée pour eux, par la suite. « Le
processus normal de séparation-individuation se place au moment où l’enfant est prêt, du
fait de son développement, au fonctionnement autonome et y prend plaisir »7. Pris dans ce
sens, le concept de séparation désigne l’état de différentiation du self de l’objet symbiotique.
En se distançant de sa mère, l’enfant peut alors prendre son autonomie personnelle.
Cependant, l’impuissance à se séparer et de s’autonomiser, comprise dans la nature et
l’évolution de la relation symbiotique avec la mère, est la cause de la psychose. Le trouble
primaire de la psychose réside dans la perturbation du rythme qui façonne l’interaction
mère-enfant. Mahler souligne que « l’anachronisme de ce type de relation va être évident
vers quatre ans à un moment où l’enfant, pour maintenir cette relation symbiotique
pathologique, dénie la réalité et prête à sa mère une puissance renforcée par des mécanismes
projectifs »
La Remise en question lacanienne du complexe d’œdipe
La lecture lacanienne de la psychanalyse de Freud assemble trois références cognitives : la
psychanalyse, la philosophie, la linguistique et la logique-mathématique (mathèmes
lacaniennes). La remise en question du complexe d’Œdipe commence, chez Lacan, par la
question sur les significations des personnages qui interprètent le drame. Lacan pense que
« le grand problème d’où Freud est parti » est celui de la signification d’un père. Dans sa
lettre à Félies, Freud exprime son désir de mort du père, bien qu’il ait confié que la mort
de son père en 1896 l’avait beaucoup affecté. C’est « l’évènement le plus important, dit
Freud, et la perte la plus poignante dans la vie d’un homme ». Le père est responsable de
l’interdiction de la jouissance dans l’analyse freudienne. L’accès des fils aux femmes passe
par son meurtre. Ce qui ne serait pas le cas. Dans le mythe du père primordial, le meurtre
du père provoque l’interdiction de la jouissance. La loi serait l’expression directe de cette
interdiction proférée, au début, par le père. Freud, pense Lacan, est revenu au mythe
d’Œdipe pour rendre compte de l’installation du Surmoi rencontré dans l’expérience
analytique, chez les névrosés comme une loi déréglée. Pourquoi un mythe « censé nous
donner l’empreinte de la formation du désir chez l’enfant (…) nous donnent plutôt des
névroses »? S’interrogea Lacan. La problématique du névrosé, pour Lacan, ne réside dans
pas dans le désir de la mère mais dans « le désir du père », le désir d’être maître comme
lui. Le complexe d’Œdipe est un résultat de l’appareil social dont l’effet est de prohiber la
jouissance phallique. Renoncé à la mère va permettre à l’enfant d’avoir accès au « plus
de-jouir ». La jouissance pure est enracinée dans la mère. Alors, elle utilise la parole pour
porter l’enfant vers ce plus-de-jouir. L’insertion de la mère dans le discours est la preuve,
pour Lacan, que le langage est un pouvoir social. Il est « le siège élu des interdits »
L’analyse des mathèmes du discours chez l’hystérique sera, donc, le procédé de Lacan dans
sa relecture des cas célèbres dans la littérature psychanalytique. En effet, dans le cas de
Dora : le recours de Freud au complexe d’Œdipe pour interpréter l’hystérie dont Dora
souffrait était une erreur. Lacan pense que l’utilisation le complexe d’Œdipe est inadéquate
dans l’hystérie féminine. Sauf comme « ce grossier rappel de la valeur d’obstacle de la mère
pour tout investissement d’un objet comme cause du désir ». Le poids de l’amour de la mère
dans notre vie amoureuse rende la femme aimée difficile à désirer et la femme désirée difficile
à aimer ; dit Freud. L’hystérique pour Freud cache une insatisfaction primaire due au
manque du phallus, l’organe privilégié et censé donner du bonheur. Le phallus que le garçon
ne sait quoi faire avec. Lacan remarque que la belle bouchère est comblée de rêve
d’insatisfaction. Dora, quant à elle, refuse la jouissance qui s’offre à elle pour réjouir de
la privation de l’autre. La jouissance du maître est, en effet, présentée par la domination
traduite dans l’exclusion de la jouissance que son statut du maître lui prive nécessairement.
Dora se jouit d’être privée. Elle s’identifie au maître castré que son père impuissant
symbolise. Le plus-de-jouir, obtenu dans la privation, démontre l’identification du sujet
hystérique au « père idéalisé », le père maître. Le discours de l’hystérique montre, selon
Lacan, trois formes de manque d’objet : la frustration, la castration et la privation. La
frustration qui est manifestée dans le lien à la mère recouvre la castration du père idéalisé
et la jouissance de la privation. Le complexe d’Œdipe pour Lacan « joue le rôle de savoir
à prétention de vérité ». C’est un savoir-substitut qui remplace la vérité. Alors, pourquoi
substituer le savoir recueilli « de tous ses bouches d’or, Anna, Emmy, Dora » du mythe
d’Œdipe. En outre, Lacan pense que la tragédie de Sophocle et du totem et tabou
n’aurions pas de signification au-delà des cultures patriarches : « l’Œdipe ne saurait tenir
indéfiniment l’affiche dans des formes de société où se perd de plus en plus le sens de la
tragédie ».
C’est d’ailleurs ce que promet une autre psychanalyse. Une psychanalyse qui rend compte
aux changements réels dans la composition des familles d’aujourd’hui. Et où le signifiant
père est variable. Ce qui limiterait ou bouleverserai la valeur interprétative du complexe
d’Œdipe. La mère pour l’enfant est l’objet premier de satisfaction bio psychologique. Elle,
en outre, l’agent qui déclenche chez son enfant toutes les sensations et les jouissances. C’est
la mère qui est la source des excitations et de satisfactions sexuelles qui se réalise dans des
zones érogènes en cours de matérialisation. Pourtant, la mère néglige ce rôle pour se
préoccuper d’éduquer son enfant aux normes sociales. On peut postuler que si la mère a
conscience de l’importance de sa sexualité, elle tâchera d’apprendre à son enfant à aimer et
qu’il doit devenir un être complet, sain et doué d’une sexualité normale. L’impact de la
sexualité de la mère est plus important dans la situation bilatérale : mère-enfant. Le cas
du garçon : Le garçon se trouve dès le début en lien direct avec l’objet de désir primaire,
qu’est la mère/femme. C’est la séparation d’avec la mère pour trouver son identité
personnelle qui sera difficile pour le garçon. La mère s’attache à lui dans ses fantasmes de
complétude qui l’empêche, plus au moins consciemment, de séparer de son fils. C’est lui qui
lui permet de se voir sous forme masculine. Le stade anal sera difficile chez le garçon, alors.
Le désir de la mère va handicaper la maturation du garçon par rapport à la fille de même
âge. Le cas clinique du garçon énurétique en est la démonstration. Le garçon énurétique
refuse de grandir par peur d’être dominé, emprisonné… par les femmes. C’est ce qui
déclenchera chez lui une forme de panique devant tout demande symbiotique qui émane de
toute femme. Le garçon aura donc une sortie de l’Œdipe périlleuse ou impossible. Risquée
car le garçon peut manifester une attitude ambivalente par rapport à la femme : méfiance
et envie en même temps. Impossible, parfois, dans les cas où l’enfant et sa mère demandent
consultation à cette période. En effet, l’enfant va développer un cas de névrose où il serait
soit amorphe, s’exprimant très peu. La fermeture est globale. Pour apprendre à se défaire
de sa mère et de son désir permanent, il a dû se défaire de tout désir ; soit agressif avec sa
mère, en premier temps, et avec tout le monde par la suite. Une façon de se montrer plus
fort que sa maman d’abord, et de tout le monde après. C’est une défense pour surpasser le
contrôle que la mère a exercé sur lui. Parfois instable, il cherche par son agitation
permanente à lui échapper à tout instant. Le père passif ne faisant rien pour libérer son
fils de l’emprisonnement maternel engendrerait un adolescent homosexuel. Le garçon
manifeste là une défense contre le sexe opposé, contrairement à l’homosexualité chez la fille.
Dans le cas de la fille, la relation mère-fille est marquée déjà par l’absence de l’autre sexe.
Le clivage total corps-esprit s’établit chez elle dès le début. La mère voit en sa fille l’objet
d’amour en tant qu’enfant et pas comme fille ayant un corps sexué. La sexualité d’enfance
dénié est reportée dans le futur. En réponse, la petite fille jouera à la femme. Il n’y a pas
de vraie petite fille, il n’y a qu’une fausse femme. Ce problème identitaire, qui réside dans
l’absence du désir et dans la difficulté de percevoir la ressemblance entre son corps et celui
de sa mère, va installer la jalousie envers le corps féminin qui se traduira dans le désir du
corps de l’autre femme (l’homosexualité).
Conclusions
On voit donc que la mise en question du complexe est possible par rapport à ses idées :
– L’universalité du complexe d’œdipe au niveau clinique, métapsychologique et
anthropologique ; – La signification des figures parentales ;
– La précocité du complexe d’Œdipe ;
– la relation symbiotique mère-enfant est signifiante dans le processus de séparation
individuation de l’enfant ;
– le complexe d’Œdipe interdit la jouissance pour donner lieu au-plus de jouissance.
– La relation mère-enfant où le père n’effectue pas son influence de maître, déterminé
socialement, change les produits œdipiens chez l’enfant : la nature de l’identification, le
surmoi et la loi sociale…
Références
1- Légendes de la Grèce antique (Payot, 1931)
2- Sigmund Freud, « Essai sur la sexualité »,
3- 1 Freud : Leçons d’introduction à la psychanalyse, XXIème leçon, 1917.
4- The Oedipus Complex in the Contemporary Psychoanalysis, Sanja Borove~ki-Jakovljev and
Stanislav Mata.
5- J. Lacan, Le Séminaire, Livre XVII, L’envers de la psychanalyse
(1969-1970), texte établi par J.-A. Miller, Paris, Le Seuil, 1991,
p. 112-113.
6- – ( Mahler, M.(1990) psychose infantile : symbiose humaine et individuation. Paris :
Payot, p.5).2A1_OULBAZ_ABDESLAM_REMISE_18215
En quoi la place du complexe d’Œdipe peut-elle être remise en cause
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7- Cours de psychothérapie. Efpp. E.learning.