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Le mot « névrose » est dérivé du mot grec « neurone » (composé de ‘nerf ’et ‘ose’). Il désigne dans son étymologie une anomalie neuronale.
La névrose est un trouble psychique. La désignation « trouble » est utilisée en deux sens :
– La conception syndromique qui met l’accent sur les signes et les symptômes ;
– La conception psychopathologique qui considère qu’un trouble est le produit d’une pathogénie spécifique qui permet de comprendre et d’expliquer l’organisation de signes en recourant à des courants théoriques comme la psychanalyse, le cognitivisme.
Pour la psychanalyse, un trouble est un mode d’organisation d’un conflit psychique qui entraîne une souffrance psychique. Il prend racine dans l’histoire infantile du sujet et se réactualise dans l’après coup.
L’étiologie des névroses, en psychanalyse, est sujette de controverse entre Sigmund Freud et Mélanie Klein.
Dans « inhibition, symptôme et angoisse » (1 926), Freud suppose que les névroses s’expliquent par trois facteurs : biologique, phylogénétique et psychologique.
Le facteur biologique se résume dans la réalité que l’enfant naît dans une condition de détresse et de dépendance. L’influence du monde extérieur est, alors, pesante. Il aura comme conséquence la séparation précoce du Moi et du Ça. L’enfant cherche protection des dangers externes dans les objets susceptibles de le mettre en abri en prolongeant sa vie intra-utérine. C’est ainsi que le facteur est « à l’origine des premières situations de danger et crée le besoin d’être aimé, qui n’abandonnera plus l’être humain » (Freud).
Le facteur phylogénétique est élaboré à partir du mythe de la horde primitive, indiqué dans « totem et tabou » (1913). Le père de la horde primitive châtrait ses fils et se réservait des femmes en les menaçant de castration. Pour s’emparer des femmes, les fils tuèrent le père. Au lieu de jouir, le sentiment de culpabilité va instaurer la morale et la religion : un système de culture fondé sur l’interdit et la contrainte. Qualités et Inconvénients de la Névrose
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Cette étiologie phylogénétique trouvera place chez l’individu dans l’angoisse de castration (petit mort), l’installation du complexe d’OEdipe, la formation du Surmoi et l’entrée dans la période de latence. Le refoulement s’occupera d’inhiber la remobilisation des pulsions sexuelles pendant la puberté.
Le facteur psychologique est à voir dans l’imperfection du travail de l’appareil psychique. Le Moi sera, alors, entraîné à traiter les motions pulsionnelles émanant du ça comme des dangers externes. Le Moi procède par la formation de compromis « névrotique ».
La version de Mélanie Klein est différente de celle de Freud. Elle a fait les remarques suivantes :
Le caractère limite des conflits considérés, classiquement, comme des névroses. Les cas de Dora, le petit Hans, l’homme aux loups… ont évolué vers des organisations qui échappent à la catégorisation des névroses.
On peut éclairer le point de vue de Klein en comparant son analyse du cas de l’homme de loups à celui de Freud :
Klein décrit l’étiologie, la signification et le rôle des névroses :
Les névroses représentent des recours contre des situations anxiogènes précoces, de caractère psychotique. Klein refuse donc la théorie de Freud qui met l’accent sur le phénomène de régression temporelle et topique. Il développe la notion de fuite en avant, de plus au moins réussie, devant des conflits archaïques. Les pseudo-névroses ont, cependant, le bien de permettre au Moi une gestion optimale d’un noyau psychotique sous-jacent.
La névrose n’est plus désignée, chez Klein, comme une entité nosologique distincte. Elle se positionne à la limite des structurations psychotiques et des « organisations névrotiques ». La névrose présente des points de fixation multiple et une régression libidinale et topique potentielle. Elle est, aussi, fragile à cause du travail défensif qui se réalise par des mécanismes de défenses multiples.
En peut donc dire que la névrose, en comparant le point de vue de Freud à celle de Klein, que la névrose joue un double rôle dans la vie de sujet « névrotique ». Elle a l’inconvénient d’annoncer un Qualités et Inconvénients de la Névrose
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fonctionnement psychique pathologique qui perturbe l’adaptation saine avec soi et avec la réalité et qui fait souffrir, par l’angoisse qu’il entraîne, le sujet (Freud). En revanche, elle a la qualité de permettre au Moi une bonne gestion d’un noyau psychotique sous-jacent.
Dans une approche, qui s’annonce comme psychanalytique, la psychanalyste américaine Karen Horney élabore une autre approche des conflits névrotiques. Contrairement à Freud qui affirme que la personnalité névrotique est le résultat de conflits entre pulsions qui tendent à la satisfaction et refuse la frustration – ce qui structure la vie de tout le monde, karen Horney estime que les forces « névrotiques » sont spécifiques. Les névroses se développent, dit-elle, au sein des relations humaines perturbées. Elles naissent des sensations d’isolation, détresse, peur et hostilité. Elles représentent des voies de rupture avec le monde. Le sujet névrotique ne cherche pas, premièrement, la satisfaction mais tend à être en paix de ses sensations et de leurs caractères compulsifs.
La structure névrotique, pour Horney, est une composition macrocosmique qui se compose des entités microcosmiques interactants entre eux. Dans le noyau de chaque microcosme se cachent des tendances névrotiques. La collision entre ses tendances, qui sont en conflit en même temps qu’elles se renforcent mutuellement, donne lieu à la personnalité névrotique. Le conflit s’opère entre deux séries de tendances qui se comportent contradictoirement entre elles. Dans le temps, elles englobent des attitudes incohérentes et séries de valeurs opposées. Ce qui donne à chaque conflit une signification.
Le névrosé, selon, Horney, n’est pas conscient de ses contradictions internes. Quand on met la pression sur elles, elles perdent d’intérêt et deviennent insaisissables. Cette fugacité exprime une profonde répulsion pour lutter contre ses contradictions. La réaction de panique, réponse de patient à sa reconnaissance du conflit, montre la nature explosant des conflits chez la personnalité névrotique.
Horney invente une méthode psychanalytique, qu’elle estime plus profonde et efficace que celle proposé par Freud.
Cette méthode se compose de quatre essais : Qualités et Inconvénients de la Névrose
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– Éclipser, en premier, une partie du conflit et montrer son opposé ;
– S’écarter du monde. Le détachement se voit là sous une autre lumière. Il était une partie du conflit de base, mais il représente aussi une tentative de solution. Le maintien d’une distance émotionnelle entre le sujet et les autres rend le conflit in opérationnel.
– S’éloigner de soi-même, au lieu de s’éloigner des autres, pour que le névrosé, une fois sa personnalité devienne inconnue pour lui, parvienne à la remplacer par la création d’une image idéale du soi où les parties conflictuelles sont transfigurées pour ne pas apparaître comme conflit mais comme des aspects divers d’une personnalité riche… L’image idéale serait, la plus importante de ces tentatives, pour la cause de son effet considérable sur l’ensemble de la personnalité. Mais, en retour, elle génère une nouvelle brèche intérieure et appelle, donc, à un travail de plus.
– De faire disparaître cette faille, bien qu’elle aide à apaiser tous les autres conflits. Par l’externalisation, les processus internes sont expérimentés comme allant à l’extérieur de soi. Si l’image idéale signifie la prise d’un pas loin du soi véritable, l’externalisation représente un divorce radical. Elle crée, encore, de nouveaux conflits, ou augmente plutôt le conflit original — celui entre le soi et le monde externe.
Cette conception contredit le pessimisme freudien, dû à sa profonde incroyance de la bonté de l’homme et de son développement. Freud postule que l’homme est voué à la souffrance et à la destruction. On ne peut que contrôler les pulsions qui le dirigent, ou au mieux le dirige, ou au mieux les sublimer. Horney croit que l’homme a la capacité, comme le désir, de développer ses potentiels et devenir un homme bon. Ce qui va se détériorer si ses relations aux autres et par conséquent à lui-même sont, et continue d’être, perturbées. Elle croit que l’homme peut changer et continue dans le changement tout au long de sa vie, et cette croyance augmente avec une compréhension et une conscientisation profonde.
La qualité de la névrose
Freud désignait la névrose comme une structure pathologique du fait de la souffrance subit par le névrosé, et dont il est conscient et cherche à en guérir. L’histoire de la psychanalyse, théorie et méthode Qualités et Inconvénients de la Névrose
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thérapeutique, est étroitement liée à l’étude de la névrose. Aujourd’hui, la névrose est considérée comme un critère essentiel de la qualité du fonctionnement psychique. Le fonctionnement mental « sain » est d’une qualité hystérique dans la prétention des psychosomaticiens. La régression devient une qualité et la fixation protège des désorganisations.
L’assertion que l’hystérie est nécessairement accompagnée de la dépression est contestée. Ainsi, Michel Fain (1985) soutient qu’« il existe une hystérie théorique dans laquelle la lutte contre la dépression ne joue aucun rôle ».
Le mal sain est différencié du « sain » d’un trop qualitatif et quantitatif. Michel Fain se demande de la nature de ce « trop » dans l’hystérie. Il compare le phénomène de la condensation hystérique et le fonctionnement onirique et conclue que la différence se situe au niveau de la temporalité et ajournement ou la décharge. « L’abandon de la pensée anémique tant sur ses modes de pensée, d’acte, de paroles, va de pair avec l’apparition d’une promesse d’avenir qui introduit la notion de temps. Pour que le corps érotique exige à nouveau l’intemporalité, c’est que cette promesse d’avenir a été déçue. Il s’agit, sans doute, des traits de la sexualité humaine : l’hésitation constante entre la promesse d’avenir, l’orgasme et celle marqué par l’intemporalité, la crise hystérique.
La sexualité humaine à une structure hystérique, défendent Fain et Denise Braunschweig en 1975 : « l’hystérique s’échappe du sommeil et tend à se manifester au cours de la vie éveillé, menaçant de ce fait l’équilibre économique sont la sauvegarde appartient, pendant le jour, au préconscient. Le symptôme hystérique réalisé constitue une matière substitutive de rétablir cet équilibre quand la resexualisation utilise des représentations qui appartiennent au refoulé secondaire à travers une régression de certains mots désexualisés à un « néo » double sens. Il s’agit d’une manifestation d’origine postoedipienne et postpubertaire.
Les deux auteurs apparentent donc le registre du normal et du pathologique. L’hystérie n’est pas une défense contre la dépression et l’apparition d’un symptôme nouveau ne peut pas être considérée comme un équivalent dépressif chez l’obsessionnel. Qualités et Inconvénients de la Névrose
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Mais comment s’effectue le passage du pathologique au normal et du celui-ci à l’autre ?
La resexualisation hystérique et l’érotisation obsessionnelle peuvent ainsi apparaître comme une reliaison d’urgence, avec la réintrication pulsionnelle qui s’ensuit forcément devant une menace sur l’unité du Moi, un préclivage qui déclenche l’angoisse/signal de la névrose. (Benno Rosenberg)
La force de la névrose est de pouvoir transcrire les épreuves de la destinée en abandon par « la puissance du destin » que Freud attribue, en dernière analyse, aux parents. (Le problème économique du masochisme).
Conclusion
En peut donc dire que la névrose, en comparant le point de vue de Freud à celle de Klein, joue un double rôle dans la vie de sujet « névrotique ». Elle a l’inconvénient d’annoncer un fonctionnement psychique pathologique qui perturbe l’adaptation saine avec soi et avec la réalité et qui fait souffrir, par l’angoisse qu’il entraîne, le sujet (Freud). En revanche, elle a la qualité de permettre au Moi une bonne gestion d’un noyau psychotique sous-jacent.
D’autres auteurs, comme Horney et Fain, révèle d’autres qualités :
La régression devient une qualité et la fixation protège des désorganisations, ainsi que La resexualisation hystérique et l’érotisation obsessionnelle peuvent ainsi apparaître comme une reliaison d’urgence, avec la réintrication pulsionnelle qui s’ensuit forcément devant une menace sur l’unité du Moi, un préclivage qui déclenche l’angoisse/signal de la névrose
Références
1- Cours efpp.
2- KAREN HORNEY, M.D. « Our Inner Conflicts. A CONSTRUCTIVE THEORY OF NEUROSIS”
3- Denys Ribas . NÉVROSES ET FONCTIONNEMENT NÉVROTIQUE . Presses Universitaires de France | « Revue française de psychanalyse » 2003/4 Vol. 67 | pages 1233 à 1237
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