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Le deuil impossible

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 La conscience du soi est propre à l’homme. Si l’animal répond aux stimulus de son environnement intérieur et extérieur en faisant appel, nécessairement, à sa programmation et son fonctionnement bio physiologique, le processus de réponse chez l’homme dépend de ses fonctions intellectuelles supérieurs ainsi que les éléments et mouvements de sa structuration psychique. 

Le deuil est un processus humain, on ne le trouve pas chez l’animal. Il est une composante de la névrose associée à deux choses : le traumatisme et l’idéalisation. 

La mort est un évènement traumatique. Il perturbe l’équilibre affectif de l’être endeuillé et suscite les mécanismes de défense qui serviront d’airbags protecteurs contre l’excitation excessive des affects et de comportements qui mettraient en danger l’équilibre psychique du sujet. 

L’idéalisation est le processus psychique par lequel la valeur et les qualités de l’objet (le moi lui-même ou une autre personne) sont surévaluées et portées à la perfection. Le deuil résultera donc d’une surévaluation du défunt. 

Faire le deuil est un processus qui suit, généralement, une courbe composée de trois phases : la phase de divorce (choc-déni), dépression (phase descendante) et de la restitution. 

1- Une phase initiale de « choc » durant laquelle le sujet est saisi par la stupéfaction, l’incrédulité. Le déni est mis en oeuvre. L’endeuiller refuse purement et simplement d’accepter, de reconnaître la réalité de la perte. Le déni a le mérite de lui permettre d’absorber le choc et de décharger les affects pénibles. 

2- Phase de la dépression réactionnelle. C’est la phase centrale. Elle est caractérisée par un authentique syndrome dépressif. (Le timing est variable selon les cas). L’humeur du peiné est submergée de douleur et de colère à la suite de la perte. Elle est associée à un désintérêt pour le monde extérieur, une perte de la faculté de choisir un nouvel objet d’amour et l’abandon de toute activité qui ne soit pas en rapport avec le défunt. 

3- La phase de restitution, ou de reconstitution. La dernière étape du deuil pourrait être le rétablissement, l’acceptation de la perte et de changement. 

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Selon le modèle cognitif de Parkesi, la perte d’un cher impose la révision cruciale de l’image de soi, la relation au monde et à Autrui. L’endeuiller aura des difficultés de s’organiser selon une structure qui tient compte du défunt et un monde extérieur où l’être cher est absent. 

Faire le deuil est positif, selon ce schéma, mais ce n’est pas toujours le cas. Le travail de deuil témoigne l’alternance, si vitale, de la pulsion de mort et la pulsion de vie. Pour le Moi, la mort génère l’angoisse et donne lieu au deuil. L’angoisse de mort s’exprime dans le deuil car la perte de l’objet est endurante. L’angoisse s’installe, alors, et l’endeuiller est incapable de passer à l’acte. Faire le deuil montre la force de la pulsion du mort et son utilité. L’endeuiller, angoissé, va retrouver de nouvelle ressource pour la vie, en cherchant à surmonter l’angoisse de mort et l’état de déficit de la pulsion de vie. La période de deuil est indispensable, donc, pour réveiller l’individu, économiquement et dynamiquement. 

Un au-delà de deuil est nécessaire pour terminer le travail du deuil. Il est fort probable, pour certains, que le deuil serait impossible. 

Le cas de Gregory illustre, en dépit des interprétations contre-versées, un processus de deuil compliqué. Est-ce que la famille de Gregory, le défunt, a réussi à faire le deuil ou non ? Comment s’est déroulé ce processus ? Ses parents ont-ils réussi à avancer vers la phase de reconstitution ou sont-ils restés fixés dans les phases de choc et de dépression ? 

Le déroulement ultérieur de la vie de la famille montre des faits contradictoires. D’une part, la vie à continuer : les parents ont eu trois enfants après et resté ensemble, ce qui pourrait être signe d’un choix narcissique pour surmonter la perte de Gregory, d’une part et la fixation des sentiments de culpabilité, de haine et de regret, d’autre part. 

Le deuil impossible est un sentiment de solitude ou de détachement vis-à-vis d’autrui depuis le décès. Un sentiment que la vie est vide de sens sans le défunt ou la croyance qu’il est impossible de continuer à vivre sans le défunt. Un sentiment de perte d’identité (comme l’impression qu’une partie de soi est mort avec le défunt). 

Le deuil impossible est un deuil compliqué du fait que : Page 3 sur

> Le sujet va rester fixé dans la première phase de deuil : le refus initial de la disparition d’un cher qui se prolonge d’une façon anormale : « je ne sais pas ce qu’il est devenu,- il est vraiment mort ? 

> L’inhibition qui se manifeste dans le refus des affects liés au deuil. Les perturbations émotionnelles se trouvent donc au second plan, et masquées derrière des troubles somatiques 

> Un deuil chronique dans lequel le peiné s’enlise dans une dépression qui peut durer toute sa vie. 

Les facteurs qui rendent un deuil impossible peuvent être : le jeune âge du défunt, la mort d’un enfant, de la circonstance inhabituelle, violentes, brutales ou une perte vécue comme particulièrement injuste. 

Je pense que, malgré son versant douloureux, le deuil impossible a des bénéfices secondaires. Il permet de décompenser une structure névrotique obsessionnelle ou hystérique. 

Un deuil impossible est favorisé, toujours, par une pathologie psychique connue déjà, mai qui s’aggrave du fait du deuil ou qui apparaît au cours du deuil : des réactions dépressives sévères avec idées suicidaires ou tentative de suicide (est ce que le juge suicidé dans l’affaire de Gregory n’en est pas un exemple), des manifestations phobiques, des conduites à risque, des addictions ou des automutilations. 

Deux thèses sont controversées à propos de l’arrière névrotique du deuil impossible une thèse qui défend que la vulnérabilité soit liée à l’hystérie tandis que l’autre le lie à l’obsession. 

La personnalité hystérique se marque dans le deuil par l’identification au défunt en présentant les symptômes somatiques du disparu. Ces symptômes sous-tendus par un mécanisme de conversion hystérique. Alors que la décompensation obsessionnelle va être vue dans le sentiment d’une culpabilité excessive avec des autoreproches incessants. 

Au-delà de son incomplétude, le deuil impossible a, en mon sens, des bénéfices : 

– La célébration du défunt dans la durée au sens de Bergson. Le deuil impossible sera alors perçu comme une expérience de passage, et non comme une succession de phases qui aboutissent à un au-delà de deuil ; 

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i Parkes (k.R.), Field dependance and the factor structure of general health… British Journal of psychiatry, 1982. 

– Il permet à la pulsion de vie de se recharger de son contraire, la pulsion de mort, ce qui va projeter le Moi dans des projets vitaux et créateurs : la famille Gregory en est l’exemple : couple soudé, faire trois autres enfants, changement de lieu de résidence 

– Comme le deuil est une composante de la névrose, le deuil impossible a le bénéfice de limiter les dangers de développer une névrose ou une psychose. 

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