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Le sentiment de la toute puissance dans la pathologie

4A1_OULBAZ_ABDESLAM_TOUTE_PUISSANCE_201215 La toute-puissance dans la pathologie

Introduction

L’enfance, dans la perspective psychanalytique, est une période de développement d’une grande angoisse. Le sentiment de la toute-puissance apparaît fortement à chaque montée d’angoisse. Ce dernier coïncide, toujours, avec la fin de chaque stade de développement psycho sexuel. La formation réactionnelle générée, de type obsessionnel, est compulsive, excessive et réparatoire.

Un certain niveau de conscience est nécessaire pour réagir à l’angoisse par des réactions qui devraient être refoulées jusqu’à la fin du stade oral. Le refoulement est indispensable pour son rôle dans le maintien d’une bonne relation mère-enfant. Une relation peu culpabilisante à ce stade.

Le point de départ du sentiment de la toute-puissance est corporel. Il s’étaye sur la fonction nutritionnelle dans son ensemble. L’enfant implique ses ressentis à son psychisme dans une unité significative corps et esprit.

Le sentiment de la toute-puissance réactive le sentiment de la culpabilité. Le triptyque angoisse, sentiment de la toute-puissance et culpabilité s’exprime avec la nocivité des matières fécales. Il se traduit par le besoin de priver l’autre, dans un premier instant, pour redonner après en guise de réparation. Forme qui va persister complètement chez l’adulte : Posséder pour bien donner ensuite. L’angoisse est le reflet d’un manque. La fixation anale vient après un stade oral submergé par l’angoisse.

Le sentiment de la toute-puissance est une réponse à l’angoisse. Les formations réactionnelles qui en dépendent auraient une utilité réparatoire. Le processus normal de cette dimension permettrait de surmonter l’angoisse et de se mettre en accord avec le Surmoi. En revanche, le processus pathologique donnera lieu à des formations réactionnelles de type névrotique surtout.

Les dérives pathologiques de la toute-puissance supposent d’analyser les hypothèses suivantes :

– L’évolution du narcissisme de « l’état narcissique » au narcissisme pathologique ;

– L’évolution de la relation d’objet ;

– Le conflit entre les forces destructrices et le désir de réparation génère de l’angoisse, qui donne lieu à des formations réactionnelles pathologiques.

I. Le sentiment de la toute-puissance et le narcissisme pathologique

La toute-puissance de l’enfant peut être considérée comme un moment d’illusion nécessaire et fécond. Elle est la racine de l’être, de différenciation et d’individuation. Si la séduction narcissique, qui a pour but de « maintenir dans la sphère narcissique une relation susceptible de déboucher sur une relation d’objet désirante, ou de l’y ramener », devient réciproque dans une relation symétrique parent-enfant, le sentiment de la toute-puissance aura des dérives pathologiques.

Le sentiment de la toute-puissance est une dérive du narcissisme, qui constitue la phase dans laquelle commence le conflit oedipien. L’enfant y valorise et surestime ses actions vésicales et intestinales d’évacuation ainsi que ses pensées. L’objet y est indifférencié pour l’enfant.

« … Maladies, mort, renonciation de jouissance, restrictions à sa propre volonté ne vaudront pas pour l’enfant. Les lois de la nature, comme celle de la société, s’arrêteront devant lui, il sera réellement à nouveau le centre de la création. His Mjaesty the Baby. »

Deux théories se divergent sur l’étiologie de sentiment de la toute-puissance. Freud dans son roman sur l’origine de la société attribut la toute-puissance au père qui accaparait les femmes de la horde pour lui seul. Les fils ont alors décidé de tuer leur père et trouvé un pacte, entre eux, de ne plus prétendre à prendre la place du père. Depuis, la toute-puissance appartient au groupe et que l’individu rechercherait pour acquérir son autonomie.

La deuxième théorie admet que le sentiment de la toute-puissance vient de la relation primitive mère-enfant. Winnicott pense que la toute-puissance dépend de la manière dont la mère présente le monde à son enfant. Par « sa préoccupation maternelle primaire », la mère fait en sorte qu’il n’y ait aucune discontinuité entre le désir-besoin de l’enfant et la réalité. C’est ainsi que le sentiment de la toute-puissance dépend bien de la mère et de l’enfant. Cependant, c’est l’enfant, réel ou passé, qui en est porteur.

Pour Winnicott, le sentiment de la toute-puissance permet à l’enfant d’exister et de se séparer de la mère, de « la répudier, de la considérer comme « non-moi », de la placer hors de l’aire de son contrôle omnipotent. La mère deviendrait une entité de plein droit et une entité projective. L’intersubjectivité ne peut intervenir qu’après que l’objet a survécu en dehors du contrôle omnipotent du bébé.

Pourtant, la reconnaissance de l’objet confrontera l’enfant à son impuissance et à sa détresse. Si la blessure narcissique est brutale, le sentiment de la toute-puissance sera annihilé et la continuité interne de l’enfant sera touchée. Il est alors indispensable que la toute-puissance initiale tempère progressivement. L’enfant doit accepter de n’être pas tous sans pour autant n’être rien. 

Le narcissisme normal et pathologique

Le narcissisme normal constitue une phase essentielle dans le parcours de personnalisation. Il est déterminé par l’union entre pulsion de vie et de mort, de l’enfant, alors que le narcissisme pathologique est la manifestation d’une dépersonnalisation, signifiant de la désunion ente les deux pulsions. Cette union, ou désunion, se manifeste au niveau des désirs, réactions, fantasmes et les relations d’objet.

En effet, l’enfant formule, dans le narcissisme normal, des expressions narcissiques différentes, mais coexistant, selon les situations. Au moment de ses frustrations, dues aux échecs, attaques et reproches de l’autre, il réagit excessivement sans qu’il rompe avec les objets importants. Il maintient une bonne relation avec ses objets, admirés et gratifiés, pour satisfaire ses désirs d’être le centre d’attention, d’admiration et d’amour, lorsqu’il n’est pas dans une situation de frustration. La capacité d’un enfant de deux ans et demi à maintenir l’investissement libidinal de sa mère pendant des séparations temporaires est étonnante.

Le principe de la réalité régit bien les demandes narcissiques normales. Les fantasmes narcissiques infantiles normaux de puissance, de richesse, de beauté qui proviennent de la période préoedipienne, n’incluent pas le désir de possession et de privation de l’autre de tout ce qui est bon et enviable dans le monde ; ils sont mêlés au désir que l’acquisition de ces éléments permet à l’enfant d’être aimé et accepté de ceux qu’il aime ou dont il veut se faire aimer.

En revanche, le narcissisme pathologique parcourt un chemin différent. La personnalité narcissique est caractérisée par :

– L’incapacité à dépendre de l’autre au-delà d’une satisfaction immédiate ;

– Des demandes excessives, sans être jamais satisfait. Toute satisfaction se révèle secondaire à un processus de destruction interne de ce qu’il a reçu ;

– Les patients avec un narcissisme pathologique présentent une froidure et une distance dans leurs relations sociales. Les autres ne sont idéalisés que temporairement lorsqu’ils servent d’aliment narcissique. Le mépris et la dévalorisation dominent la plupart de leurs relations.

– Le besoin excessif de gratitude et d’admiration.

La relation à l’objet dans la psychopathologie du Narcissisme :

Dans son article « A propos de la psychopathologie du Narcissisme : une approche clinique » (1 946), Rosenfeld examine la nature des relations aux objets chez les patients narcissiques et les mécanismes de défenses qui s’y rattachent.

D’après Rosenfeld, le narcissisme est basé sur l’omnipotence et sur l’idéalisation de soi, obtenues au moyen de l’identification introjective et projective à l’objet idéalisé. Deux processus de défense sont alors mis en jeu :

– Le refus de toute séparation d’avec l’objet idéalisé ; « Dans les relations narcissiques à l’objet, les défenses contre toute reconnaissance de séparation entre soi et l’objet jouent un rôle déterminant ». (Rosenfeld 1 947) ; 

– Et l’envie qui contribue, décrit Rosenfeld, de deux manières au renforcement des relations d’objet narcissiques :

D’une part, les buts de l’envie sont réalisés grâce à la possession omnipotente du sein idéalisé, car « lorsque l’enfant possède le sein de la mère de manière omnipotente, le sein ne saurait frustrer ni éveiller son envie » ;D’autre part, le sentiment d’envie ne va pas paraître grâce à l’identification à l’objet idéalisé.

La perception des qualités « bons » qu’à l’objet fait surgir l’envie. En conséquence, l’identification projective est le mécanisme narcissique pour reconquérir l’objet envié et éviter de ressentir l’envie et la dépendance envers lui.

L’agressivité envers l’objet est inévitable à la suite de l’abandon de la position narcissique envers l’objet, souligne Rosenfeld dans son article : « les aspects agressifs du narcissisme : un abord clinique de la théorie des instincts de vie et de mort » (1 971). La persistance du narcissisme est due à la force des pulsions destructrices envieuses.

C’est à ce propos que Rosenfeld distingue deux types du narcissisme, libidinal et destructeur. Et c’est le degré de prédominance de la pulsion de mort sur la pulsion de vie qui détermine leur fonctionnement.

Dans le narcissisme libidinal, la surestimation de soi est fondée sur des identifications introjectives et projectives à des objets idéalisés, de sorte que le sujet narcissique sent tout ce qui a de valeur dans les objets externes fait partie de lui. Les objets sont alors introjectés et inaperçus.

Cependant, la reconnaissance de l’objet séparé déclenche la haine et le mépris. « La destruction devient apparente dès que l’idéalisation omnipotente de la personnalité est menacée par le contact avec un objet perçu comme séparé d’elle ». En ce moment, Le sujet narcissique qui se croit créateur, autosuffisant et tout-puissant ressent l’humiliation et l’infériorité, et n’admet pas la supériorité de l’autre même s’il est important pour lui. Cette attitude peut s’aggraver et aller jusqu’à préférer l’annihilation et idéaliser le désir de mourir. Chez certains patients narcissiques, la mort est représentée comme la solution optimale pour défaire les frustrations et tracas de l’existence. Le souhait d’annihilation de l’objet et aussi du self surgit comme une défense contre la douleur provenant de la perception de l’objet.

Les pulsions destructrices, dans le narcissisme libidinal et destructeur, vise les relations d’objet libidinales positives. Elles agissent manifestement ou silencieusement. L’indifférence manifeste des patients narcissiques la cache Parfois, alors que, d’autres fois, le clivage peut aller jusqu’au point où la presque totalité de la personnalité s’identifie à la partie destructrice omnipotente, la partie libidinale du soi étant projetée sur l’objet supérieur qui est alors attaqué. Attaque justifiée par le fait que l’objet à dénuder les aspects libidinaux du patient, identifiés projectivement sur l’objet. Rosenfeld voit dans ce clivage extrême l’effet de la désunion de la pulsion de vie et de mort.

Le narcissisme pathologique, explique H. Segal (1 983), s’explique par la pulsion de mort et l’envie et non par les pulsions libidinales. La pulsion de mort et l’envie donnent naissance à des relations d’objets et à des structures internes qui sont destructrices. Ce fait s’exprime par l’idéalisation de la mort chez les patients narcissiques.

En réalité, il existe un lien intime entre les buts de la pulsion de mort et les buts de l’envie, d’après Segal. Une confrontation avec la pulsion de mort peut, dans des circonstances favorables, mobiliser également la pulsion de vie.

Le triptyque angoisse sentiment de la toute-puissance culpabilité chez la personnalité narcissique.

Le clivage d’objet et du Moi est le mécanisme marquant de la personnalité narcissique. Il s’exprime à deux niveaux contradictoires. Derrière une préoccupation excessive du soi et son adaptation sociale superficielle, uniforme et efficace, se dissimule de graves distorsions dans ses relations internes aux autres : une grande ambition, des fantasmes grandioses, des sentiments d’infériorité et une extrême dépendance à l’égard de l’admiration et des louanges extérieures.

De plus, la vie affective des patients narcissiques est embrouillée par un vas et vient entre une envie permanente et intense et des défenses contre cette envie, en particulier la dévalorisation, le contrôle omnipotent et le retrait narcissique.

C’est d’ailleurs ce que révèle l’observation clinique. Dans la relation analyste-analysant, Le transfert constitue une des principales fonctions des résistances narcissiques. Il consiste à dénier l’existence de l’autre comme être autonome et indépendant, en dehors d’une situation simultanée dans le transfert. Le soi grandiose permet le déni à l’égard de l’analyste. C’est une défense rigide contre les relations d’objets pathologiques plus primitives qui s’organise autour de la rage narcissique et de l’envie, de la crainte et de la culpabilité causée par cette rage, avec cependant un espoir désespéré en une relation que ne pourrait détruire la haine.

La dévalorisation et le mépris complet de l’analyste sont au premier plan chez des personnalités narcissiques, souvent rationalisées comme des réactions de désappointement. Il persiste une absence d’angoisse de séparation de réaction de deuil.

Le transfert sert à reproduire les processus précoces de la dévalorisation des objets externes importants, et de leurs représentations intrapsychiques, comme ils sont sources  d’envie et de la rage orale. La dévalorisation pathologique des images parentales est reproduite dans le transfert comme une dévalorisation rationalisée comme de réactions de désappointements. Le soi grandiose, qui représente le refuge primitif des images idéalisées des figures parentales et des images idéalisées du soi, possède une structure défensive pour la compensation pathologique des composantes issue des relations d’objet qui reflètent ces conflits.

L’intensité de la pulsion agressive est manifestée par la prédominance des figures maternelles toujours froides, narcissiques, et en même temps hyper-protectrices. Le sentiment de la toute-puissance de l’enfant s’exprimera alors par la cristallisation des fantasmes du soi grandiose, dus à l’inclusion de l’enfant dans le monde narcissique de la mère à certaines périodes précoces de développement.

Le sentiment de la toute-puissance dans la névrose obsessionnelle

Le sentiment de la toute-puissance est particulier dans la névrose obsessionnelle. « Le cérémonial névrotique consiste en petits actes : actions surajoutées ou entravées ou bien rangements, lesquels sont exécutés toujours de la même manière ou bien d’une façon qui varie suivant des règles données. ». Elles sont, manifestement, dénuées de sens. Le malade se trouve dans l’obligation d’exécuter ces actes pour contrer l’angoisse insupportable qu’elle ressent à cause de ses pulsions destructrices.

L’apparence d’après laquelle les actes obsédants seraient dénués de sens et n’est qu’une illusion. Justement, ces actes sont au service d’intérêts importants de la personnalité et expriment et des évènements à influence persistante, et des pensées chargées d’affect de l’individu. Il s’agit de « la vie la plus intime, voire la vie sexuelle du malade ». « Ils réalisent ceci de deux manières ; en tant que représentation directe ou bien en tant que représentation symbolique.»

Le cas d’une jeune fille, observée par Freud, « qui était soumise à la compulsion, après s’être lavée, de faire tourner plusieurs fois la cuvette en rond. La signification de cet acte cérémonial se trouvait dans le proverbe : « il ne convient pas de jeter de l’eau sale avant d’en avoir de propre ».

Le but de cette action était de donner « un avertissement à sa soeur, qu’elle aimait beaucoup, et d’empêcher celle-ci de divorcer d’avec un mari peu satisfaisant avant d’avoir noué des relations avec quelqu’un de mieux.

Une femme qui vivait séparée de son mari obéissait pendant le repas à la compulsion de laisser les meilleurs morceaux. Ce renoncement s’expliquait par la première fois le jour où elle avait annoncé à son mari qu’elle renoncerait désormais aux rapports conjugaux, c’est-à-dire le jour où elle avait renoncé à ce qu’il y avait de meilleur.

L’acte obsédant sert à manifester des mobiles et des représentations inconscientes. L’obsédé souffrant de compulsion et d’interdictions agit sous l’emprise d’un sentiment inconscient de culpabilité. Ce dernier prend sa source dans « certains processus psychiques précoces, mais trouve un élément de reviviscence perpétuelle dans la tentation que renouvelle chaque occasion actuelle ». D’autre part, il donne naissance à une angoisse expectante, à une attente de malheur, angoisse liée par le concept de la punition à la perception interne de la tentation. En conséquence, le cérémonial serait un acte de défense ou une assurance contre quelque chose, une mesure de protection.

Selon Freud, Le fait de base de la névrose obsessionnelle est le refoulement d’une pulsion instinctive constitutive de la personne, « qui put se manifester un certain temps dans sa vie infantile et devint ensuite la proie du refoulement. Néanmoins, cette formation réactionnelle n’échappe pas au retour du refoulé qui est senti comme une tentation. L’angoisse est alors inévitable car « le processus de refoulement qui conduit à la névrose obsessionnelle est à qualifier de refoulement incomplètement réussi, refoulement qui menace de faiblir de plus en plus ». Les actes cérémoniaux et obsédants naissent ainsi, d’une part, à titre de protection contre un malheur attendu et, d’autre part, à titre de défense contre la tentation.

Cette dynamique est semblable à celle qui génère la vie religieuse : la répression, le renoncement à certaines pulsions. La différence dépend du contenu qui dépasse, dans la religion, le contenu sexuel.

Les tendances réactionnelles de l’obsessionnel suivent le degré de la poussée d’angoisse sentie par le sujet. Ainsi le désir de restituer ne saura être satisfait qu’au cas où l’angoisse ne dépasse certaines limites. Par conséquent, l’action des forces destructrices obéie aux exigences du Surmoi, perd sa virulence et se libère pour poursuivre les exigences du Moi et du Surmoi.

Les actes obsessionnels, selon Freud, sont « destinés à prévenir le malheur, dont l’attente marque habituellement le début de la névrose. » Le malheur réside, pour l’obsessionnel, dans l’activité sexuelle, le mauvais désir et le souhait de la mort. Ces éléments constituent des fantasmes et des actes de défense contre le sentiment de culpabilité éveillé par les pulsions destructrices dont les parents sont l’objet, dès le début du conflit oedipien. La culpabilité de l’enfant ne se rattache pas à sa libido incestueuse, mais à ses tendances destructrices.

Une angoisse peut provoquer une régression à un stade antérieur du développement. L’observation clinique montre souvent que les productions infantiles à thème de restitution soient interrompues par des besoins caractéristiques du stade sado-anale : aller à la selle pour accumuler des biens. L’accumulation des biens, chez l’enfant comme chez l’adulte, a pour but de parer l’imprévu, on veut en fait s’armer contre une attaque éventuelle de la mère qu’on a volée, afin d’être en mesure de lui rendre ce qui lui a été enlevé. Malheureusement, l’obsessionnel est incapable de restituer entièrement ce qu’il avait pris. Son raisonnement est que ses selles avaient fondu entre-temps, qu’enfin il n’avait cessé de les donner, et que même il en formait de nouvelles sans arrêt, il ne parviendrait jamais à en faire assez. En plus, la qualité des selles est indécise pour lui car il ignore si ses productions ont la même qualité que celles prisent de la mère. Ceci explique l’intérêt qu’il donne à choisir formes et couleurs dans la scène de restitution. Paradoxalement, sa fréquente constipation se rattachait au besoin d’amasser ses selles et les garder en lui, de manière à n’être jamais vide.

L’angoisse qui se produit de ce conflit entre le désir de réparation et le désir de réserver ses biens, laisse place à ses tendances destructrices pour s’exprimer en toute virulence et en régressant aux mécanismes de défense de stades plus anciens. Ceci met en lumière le rôle décisif du Surmoi écrasant de la phase initiale de développement. La pression exercée par ce Surmoi primitif, sur un Moi de l’enfant incapable de le pousser vers un accord, renforce les fixations sadiques de l’enfant et l’oblige à répéter de manière incessante et compulsive ses premiers actes destructeurs. La culpabilité sera ressentie après et produira l’action des mécanismes obsessionnels.

On découvre avec étonnement que l’enfant, en obéissant à ses phantasmes sadiques sous l’emprise d’une angoisse intense, trouve son grand plaisir à le dominer.

En conclusion, il nous apparaît clair que le sentiment de la toute-puissance dérive vers la pathologie si :

– Les forces destructrices entravent le travail de restitution, mené par le psychisme, contre le sentiment de culpabilité ressenti envers la mère ;

– La découverte, précoce ou tardive, de l’objet ne désunit pas le travail de la pulsion de mort et de vie.

Les formations réactionnelles dans la névrose obsessionnelle et le narcissisme pathologique sont des expressions de cette dérive.

Aspects thérapeutiques

Confrontés à la toute-puissance pathologique, les analystes adoptent des techniques psychanalytiques comme la thérapie familiale psychanalytique (TFP). Il consiste à amener la famille à se mettre en situation qui fait naître le sentiment de la toute-puissance afin d’analyser ses manifestations.

Dans leur analyse du cas de « Maxime », Anne-Marie Blanchard et Gérard Decherf remarquent que l’analyse n’a pu commencer à porter ses fruits que lorsqu’ils ont pu analyser les manifestations de toute-puissance de ce « Maxime ». Ils trouvent leur lien avec les imagos du grand-père paternel et de la grand-mère maternelle dont les parents n’étaient pas encore dégagés. « Maxime était admiré par parce que capable de tenir tête aux parents, ce que les parents n’avaient pas pu faire à l’égard de leurs propres parents, mais finalement il était craint parce qu’il exerçait une vraie tyrannie sur son entourage ». L’impuissance des parents est synonyme de leur inclination devant la violence de leurs parents.

Le travail des auteurs portait sur le cadre et la fonction parentale pour renforcer la confiance des parents dans leurs propres capacités de contenance. C’est-à-dire de travailler leurs représentations parentales « associés à des parents meurtriers et leurs représentations d’enfants victimes ».

La préhistoire des parents, apparaissant dans le transfert, dévoile des contenus psychiques négatifs transgénérationnels, non intégrés et non symbolisés. L’intersubjectivité favorise le partage des expériences psychiques et engendre une certaine intégration mentale de l’univers de l’autre pour négocier ses contenus. Cette capacité de rêverie, que Wilfred Ruprecht Bion considère comme préconditions nécessaires pour tolérer les angoisses, en particulier les angoisses de séparation, aide les partenaires, analysant et analyste, à recevoir l’identification projective et à en décoder les contenus. Ce décodage va leur permettre de se décharger des imagos paternels et des représentations nuisibles. La situation analyste-analysant ressemble à la situation mère-enfant. Si la mère est capable de contenir l’angoisse de son enfant et de le transformer pour son bien, l’analyste joue un rôle actif dans les processus de pensée et d’élaboration de l’angoisse. On doit arriver, alors, à comprendre le patient, parent et enfant, et agir en fonction de leur demande pour qu’ils se débarrassent de l’angoisse et de la culpabilité et retrouver confiance en soi. L’enfant peut alors introjectés son sentiment de toute-puissance et l’attitude de ses parents qui peuvent contenir et penser, et que les parents renonce au sentiment de victimation vis-vis de leurs parents.

Le processus de la symbolisation pour émerger du narcissisme pathologique

La symbolisation constitue, d’après H. Segal, le processus incontournable pour sortir du narcissisme pathologique. Il faut alors négocier la position dépressive dans laquelle une différenciation entre le soi et l’objet peut s’établir.

« Le passage vers la position dépressive est le passage vers une situation dans laquelle l’amour, la gratitude envers un bon objet externe et interne peuvent s’opposer à la haine et à l’envie de tout ce qui est bon et ressenti comme extérieur de soi. L’intégration et la séparation croissantes résultant de la diminution des projections permettent l’amour pour un objet perçu objectivement ». (H. Segal et D. Bell, 1 989). Négocier la situation dépressive « implique une capacité de négocier le complexe d’oedipe, et assure une identification avec un couple de parents créateurs. (H. Segal et D. Bell, 1 989).

H. Segal (1957-1978) pense que l’équation symbolique, qui désigne les symboles précoces, sert à dénier la séparation entre le sujet et l’objet. La formation du symbole se développe progressivement au cours du passage de la position paranoïde-schizoïde à la position dépressive. Le symbole est ressenti comme une création de Moi.

Il sert à :

– Remplacer l’objet perdu et d’en faire le deuil ;

– Régir la communication interne et externe. Puisque toute communication est faite de symboles. La difficulté de l’analyse des patients psychotiques provient de leur déficience de symbolisation.

– Traiter progressivement les angoisses qui étaient restées clivées dans le Moi, liées à des relations d’objets précoces.

– S’approprier subjectivement le soi. Cette appropriation dépend, selon Segal, de trois expériences décisives : les relations intersubjectives, les différents jeux avec les objets et enfin le rêve.

Ces expériences sont tous nécessaires pour que la personnalité de l’être se construise et s’enrichisse tout au long de la vie. Grâce à la symbolisation, et s’il n’y a pas d’entraves, l’enfant va apprendre, graduellement à introjecter l’autre dans son espace personnelle en tant qu’entité différenciée. Sa toute-puissance

première va se tempérer sans disparaître. La créativité de l’enfant et sa confiance en soi en dépendent. « L’expérience de la toute-puissance et la base de l’être, dit Winnicott ».

Conclusion

Le sentiment de la toute-puissance revêt une importance incontournable dans la construction, l’expression et la créativité du soi. Son destin, normal ou pathologique, est lié à deux facteurs :

– L’évolution du triptyque angoisse, sentiment de la toute-puissance et la culpabilité. S’il évolue vers l’installation d’un pacte avec le surmoi, les formations réactionnelles seront introduites dans le cours normal des expressions de soi. Toutefois, si le conflit entre le désir de restitution et les pulsions destructrices persiste, la pathologie en sera la conséquence. Les actes obsessionnels et le narcissisme pathologique sont des exemples clairs de ce destin.

– L’évolution de la relation d’objet. Si l’enfant réussi à se différencier de l’objet et de le reconnaître, une évolution qui se fait avec des mouvements progressifs et régrédients incessants. « À mesure que l’omnipotence et l’envie diminuent, l’analysant devient moins persécuté par ses objets envieux, il acquiert une relation plus confiante envers les objets internes bons, et le passage à la position dépressive se fait progressivement » (H. Segal)

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